S'autoriser à vivre. Entretien concret N°5, Sexualité et Délivrance

Quelqu'un qui pensait avoir besoin d'aide vint à moi...

[ Retranscription de mémoire ]

Lui :  Je ne vais pas très bien, j'ai l'impression d'être dans un engrenage qui ne mène à rien..

Depuis des années, depuis que je suis adolescent d'ailleurs, j'ai toujours eu de forts besoins sexuels. Mais il ne s'agit pas tout à fait de cela en fait. Même si adolescent j'étais un peu efféminé comme garçon et que j'étais de temps à autre traité comme homosexuel par certains élèves, je n'avais jamais eu de tendances homo. Plus tard pendant mes études, j'ai une fois laissé un homme qui m'avait hébergé et que je connaissais me faire une fellation mais les choses s'étaient arrêtées là.

Ce n'est que encore plus tard que les choses ont commencées, même si je ne me souviens plus exactement comment.

J'avais des pulsions de sexes pour du sexe et cela je trouvais à l'assouvir auprès d'hommes dans des lieux de rencontres spéciaux pour cela.

Au début c'était rare comme besoins, une fois dans l'année ou moins encore, et puis ça s'est doucement accentué.

J'y allais pourtant à reculons, je n'aimais pas cela, c'était juste plus fort que moi.

Comme un fantasme. Des images dans ma tête, qui donnaient envie. La pulsion devenait trop forte, je n'arrivais pas à résister. J'avais honte, j'avais même presque du dégoût pour ceux que je croisais. Sauf pendant l'acte. Et puis la plupart du temps, même l'orgasme était moyen, voir nul. Et je repartais l’impression d'être sale, nul, pensant que je ne recommencerais plus, que ça n'avait aucun sens.

Après des années où la fréquence de ses besoins s'accélérait, j'ai commencé à observer que chaque fois que j'avais eu une discussion avec quelqu'un avec qui j'étais proche et que j'en étais sorti frustré et que je me sentais un peu mal dans ma peau, une nouvelle pulsion m'assaillait quelques heures plus tard et j'y allait encore à reculons, mais je ne pouvais pas ne pas y aller sinon cela prenait toute ma tète et tout mon corps.

J'ai mis du temps à réussir à faire le lien de cause à effet entre ces besoins et une nouvelle frustration.

Mais j'ai tout de même l'impression que cela ne m'avance pas beaucoup.

C'est pas tout à fait exact, parce que en ayant vu la frustration qui avant m'était invisible, j'ai commencé à entendre ce que je me disait en moi sur moi-même...et surtout ce que ces proches disaient de moi et comment "je le gobais tout net" ! Mais comme je n'ai jamais eu un grand répondant, j'étais souvent un peu tétanisé pendant ce type de discussions....je ne sais pas...je ne sais plus....

Moi :  De quel type de proches est-il question ?

Lui :  Souvent ma compagne, mes parents, mes employeurs,.... des personnes qui ont un ascendant sur moi.

Moi :  Un ascendant sur vous ?

.....Silence....

Lui :  ...C'est bien la première fois que je dis un truc pareil....Il a fallu que je le dise pour l'entendre...ça va faire son petit chemin dans ma tête cette notion d'octroyer de l'ascendant à d'autres......[ ....Silence.....]  C'est vrai que souvent, je ressors frustré par certains échanges dans lesquels je ne me suis pas senti accepté tel que je suis........[ ....Silence.....]....alors même que je ne sais pas bien qui je suis. Je ne sais même pas définir si je suis hétéro, homo, bi-sexuel où je ne sais quoi d'autres....depuis mon adolescence j'ai aussi des........des curiosités vers d'autres types de sexualités. Pas forcément très classiques, admises et répandues. Et ça aussi ça me perturbe et quand ça monte en moi, c'est incontrôlable. J'ai l'impression d'être un animal qui vit dans l'ombre de lui-même.

Moi :  La fois où vous avez laissé faire cet homme vous faire une fellation....ce "laisser faire" ce n'était pas la première fois que cela vous est arrivé dans votre vie n'est-ce pas ?

Lui :  C'est vrai, c'est arrivé à d'autres occasions....ce n'était pas des viols....mais je les ais presque vécu comme si cela en étaient.J'ai déjà travaillé sur ce sujet auparavant. Tant de mes compagnes ont connues le viol et les attouchements qu'à force je me suis dit qu'il y avait quelque-chose à entendre de mon côté.

Moi :  Vous avez déjà identifié celui qui est arrivé très très tôt dans votre vie ?

Lui :  Oui.

Moi :  Même celui avant vos un an j'imagine.

Lui :  ..... Heuuuu....Oui !

Moi :  Ce n'est pas indispensable de revenir là-dessus, vous avez déjà vu de nombreux liens.

Lui :  Maintenant je ne sais pas quoi faire avec mes pulsions, ça me pourrit un peu la vie.

Moi :   Ok ! .......En fait.... pour synthétiser, vous êtes envahis par des pulsions irrésistibles qui souvent sont des réactions à des frustrations relationnelles dont vous avez déjà pris conscience et que vous avez identifier en partie.

Les événements ont lieu les uns après les autres que vous le vouliez ou non.

Quand cela démarre vous le vivez mal, quand vous y allez, vous le vivez mal, quand vous y êtes vous le viviez mal la plupart du temps, quand ça se termine vous le vivez mal, et quand vous repartez vous le vivez mal.

Mais tout a lieu quand même car cela vous dépasse et est plus fort que vous.

....

Donc vu que cela a lieu dans tout les cas,...... il vous reste peut-être une option que vous n'avez pas encore essayé.

.....Court silence....

Pour quoi ne pas le vivre pleinement et simplement. En arrêtant de juger ce qu'il se passe de manière négative, en laissant votre esprit libéré de cette habitude d'interprétation, ainsi, autre chose va peut-être émerger naturellement.

Déposer les armes et quitter le champ de bataille contre vous-même.

.......long silence......

Un sourire s'affiche sur son visage à présent détendu. Le premier " entretien " se termine là.

Un an et demi plus tard, un appel .....

Lui :  ...[ ...Formalités d'usage... ].....vous vous souvenez de moi ?

Moi :  Oui très bien. Vous aussi je vois !

Lui :  hahaahhaahah Oui !  J'ais eu envie de vous donner des nouvelles. Vous avez deux minutes à m'accorder.

Moi :   Bien sûr.

Lui :  Après ce que vous m'avez dit la dernière fois, il m'a fallu quelques jours pour bien saisir ce que cela m'invitait à avoir comme attitude. J'ai compris cela comme si je devais m'inviter à m'accueillir comme j'étais sur le moment. Alors, c'est ce que j'ai fait. ce qui montait en moi, je l'accueillait sans le juger et je laissait faire. J'allais dans les lieux habituels et j'accueillais là aussi ce qui se présentait comme cela se présentait. Je me suis très vite senti beaucoup plus leger en moi et dans mes rapports avec les autres hommes que je rencontrais...il m'est même arrivé de passer du temps à discuter ouvertement avec eux. Et dans les autres aspects de ma vie de tout les jours, je me suis senti aussi bien plus léger, plus épanoui. Et j'étais même capable de plus écouter les autres sans être touché personnellement par ce qu'ils disaient.

Mes pulsions ont continué à un rythme plus soutenue que jamais, mais je me laissait guider par ces parts de moi qui étaient en moi...en les aimants simplement. Je parle comme cela parce que quelque-chose d'incroyable s'est passé...Une fois j'ai même adoré tout l'ensemble du processus, j'ai croisé un homme avec qui cela a été très agréable, je l'ai même remercié très sincèrement et spontanément je lui ait dit qu'il était quelqu'un de bien. En repartant, j'ai même eu envie de le revoir. Et puis j'ai laissé cette idée disparaitre comme elle était venue. Je suis reparti une fois de plus très bien avec moi-même et je suis passé à autre chose, sans re-réfléchir à ce qui s'était passé et ainsi de suite.

Et ces désirs et pulsions ont disparue de ma vie...ce n'est que au bout d'un mois, puis deux, puis trois que de temps à autre je me disais que quelque-chose avait changé.

Mais je ne m'attache pas non plus à cela. Je vois bien que pas plus que je ne suis cela aujourd'hui, je n'étais pas plus cela hier. Cela devait être vécu et accueilli et je l'ai fait. Je me suis senti comme Don Quichotte, j'ai lutté contre je ne sais quoi, j'ai vu que mes réactions étaient les moulins qui brassent du vent. Je n'ai vu que moi-même. J'ai vu que ce n'était pas moi non plus.

Si vous saviez ce que cela fait......Mais je suis sûr que vous savez ! Les chiens n’entraînent pas les chats à aboyer.

Voilà, j'avais juste envie de vous raconter tout ça.

Moi :   Je vous en remercie.......Est-ce que vous m'autoriseriez à garder votre témoignage, sous forme anonyme, sans doute dans le cadre d'un livre ?

Lui :   Je vous en laisse la liberté....faites comme bon vous semblera...pour tout vous dire, je me doutais que vous me diriez cela...[...Silence...].. Peut-être même que c'est cela qui m'a donné l'envie de vous offrir la suite de notre entretien et de vous appeler.

Merci de m'avoir accueilli ainsi...

......[ ....Echanges de civilités .... ].....

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